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Rendez-vous avec Aurélie Dudézert, Enseignant-Chercheur à l'Institut Mines Télécom Business School pour découvrir les changements profonds au sein des organisations.
" Je m'appelle Aurélie Dudésert, je suis professeur à l'Institut Mines-Télécom Business School et directrice de recherche sur les questions liées aux transformations des pratiques de travail avec les technologies émergentes.
" On a beaucoup parlé d'un "New normal" au travail après la crise Covid, en considérant que l'expérience de télétravail généralisé avait transformé radicalement le rapport au travail entre le salarié et l'entreprise et tous les modes de travail.
Donc aujourd'hui, le "New normal" au travail, on ne sait pas exactement ce que c'est.
On essaie de reconstruire des règles et des modes de travail qui incluent une diversité de façons de travailler avec du distanciel, avec du présentiel, avec un mélange entre vie privée et vie professionnelle qui a évolué et avec une multiplication de statuts entre des freelances, des salariés, des intérims, qui ont explosé aussi …
On ne sait pas très bien ce que c'est et tout l'enjeu, c'est d'arriver à poser les choses et à caractériser ce que ça peut être pour faciliter la vie dans les entreprises."
"Les Grandes Entreprises françaises ont toutes démarré des programmes de formation digitale à partir des années 2013.
Il y a eu une accélération de ces programmes de transformation digitale avec la crise Covid, puisqu'il y avait encore des points sur lesquels on avait un certain nombre de réticences. Mais on a déployé des outils centrés sur les utilisateurs finaux et qui poussent vraiment à la collaboration.La crise Covid a conduit à utiliser beaucoup tous ces outils digitaux et numériques.
Ce qui est sûr, c’est que cette crise a vraiment été un crash test de leur maturité sur la transformation digitale. Il y avait eu beaucoup de discours et là les entreprises ont été mises à l'épreuve. Ainsi, on a vu des entreprises qui avaient dit qu'elles faisaient des choses, et puis on s'est rendu compte que finalement, cela ne tenait pas tout à fait la route.Et à l'inverse, il y a eu des entreprises qui n'avaient pas beaucoup le sentiment d'avoir avancé et qui ont très bien tenu la barre.
Donc elles ont toutes évolué, à des degrés différents mais aussi en fonction de leur secteur d'activité. "
" Le grand enjeu, c'est d'arriver à redonner une idée de ce qu'est un collectif de travail.
On a eu deux mouvements.
- On a eu un mouvement qui a conduit à une digitalisation dans le sens automatisation. Où on a eu vraiment une automatisation des tâches, qui fait qu'on a eu des tâches extrêmement fragmentées dans toutes les activités/ Aussi bien des activités de production que des activités de services.
Cela a énormément individualisé le travail.- Et en parallèle, on a eu le développement de nouveaux modes de travail qui ont conduit ces salariés, en découvrant en particulier le télétravail, à se rendre compte qu'ils pouvaient être autonomes, qu'ils étaient parfois plus productifs tout seuls etc.
Et donc l'enjeu c'est d'arriver à faire comprendre que on ne peut pas être productif sur le long terme tout seul et qu'il faut donc travailler ensemble.
Et toutes les questions qui aujourd'hui taraudent les entreprises et tous les collectifs de travail c’est comment on refait collectif et comment on arrive à remettre en place des règles qui permettent de bénéficier de ce qu’on a appris (l’autonomie et justement cette efficacité en étant seul mais en même temps qui permet de bénéficier de ce qu’apporte un collectif, en terme de créativité, en terme de dynamisme et en terme d’efficacité aussi. Donc tout cela c’est l’enjeu d’aujourd’hui."
" On ne peut pas traiter ses collaborateurs comme ses meilleurs clients.
D’abord parce qu’un collaborateur n’est pas un client, un collaborateur est toujours lié par un contrat et un rapport de subordination.
Par rapport aux salariés, c’est bien l’entreprise qui donne des tâches et le salarié qui est embauché. Donc, ce n’est pas un client, le salarié c’est un salarié, c’est-à-dire qu’il a des tâches à effectuer, il a un travail à faire. Et ce n’est pas non plus un enfant gâté, ce n’est pas quelqu’un à qui il faut tout céder.
D’ailleurs, les collaborateurs le disent eux-mêmes, ils ne veulent pas être traités comme des clients majoritairement, ils ne veulent pas avoir des managers particulièrement babas cool ou assistantes sociales. Ils veulent des managers et des responsabilités qui soient à hauteur du niveau de leur qualification, qui valorisent le travail qui est fait. Et des managers qui leur montrent aussi à quoi sert leur travail, tout simplement.
Donc, ils veulent des gens qui posent un cadre et qui appliquent ce cadre à tout le monde de façon juste et équitable."
Ces travaux ont été réalisés à l'aide d'un groupe d'experts et d'observateurs issus de différentes organisations du secteur privé et public.
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